5AM. Mercredi matin. Ma sonnerie de cellulaire retentie.
Non, personne n’ose me déranger à cette heure, c’est plutôt mon alarme qui sonne pour me réveiller.
Pas que je n’ai pas de cadran, mais ici, un cadran qui ne marche qu’à l’électricité a besoin d’un helper 1 semaine sur deux pour accomplir sa courte mais non moins importante tâche quotidienne qui est de me rappeler que je suis au Nicaragua!
Donc, mercredi matin. Je suis enthousiaste malgré l’heure plus que matinale. Je dois être prête dans 1 heure car mes collègues viennent me chercher; nous partons à Congo, un village situé dans le fond foin du Nicaragua, à 4h de Managua.
Une douche froide (il n’y a pas d’eau chaude), un bon déjeuner d’avoine, de pain et de lait con chocolate plus tard, je suis prête. 6h tapant, j’entends le klaxon de la camionnette. Mes collègues sont arrivés et m’attendent devant la porte.
Le but de note escapade? Aller apprendre aux habitants de Congo comment faire du pain. Hein? Du pain? C’est quoi le rapport avec les communications ? As-tu changé de job? Ahhh du pain, du veux dire du ca$$$$hh?? Haha !
Euhhh…non. Je parle bel et bien du pain, cet aliment qui fait partie de notre alimentation de tous les jours depuis belle lurette. Cette activité de formation est organisée par mon organisme, l’ACJ, plus précisément par le secteur de développement local. Hein ? Du développement local? C’est quoi encore c’t'affaire-là? Ca développe quoi au juste? Des nuages ?
Euhhh…non, tout sauf ça! Le développement local, c’est développer, organiser et réaliser des projets concrets afin de venir en aide aux habitants de différentes localités qui éprouvent différentes difficultés.
Por ejemplo, à Congo, il y a un important problème de livraison de marchandises. Pour vous donner une idée, un pain qui partira de la capitale de Managua pour se rendre à Congo prendra…4 jours! Ouin….on repassera pour la fraîcheur.
Évidemment, la première idée qui vient à l'esprit de Roger le Nord-Américain est: les délais de transport sont trop longs ? Bin on va rajouter une camionnette c't'affaire!!
Oui Roger, tu as raison, l’achat d’une camionnette accélérerait le transport. C’est une idée, mais surement pas la meilleure. En-tout-cas chose certaine, cette solution n’aiderait en rien le pauvre air déjà pollué du Nicaragua. Et as-tu pensé aux coûts d’entretient de cette nouvelle camionnette? Encore des frais cachés... Et le progrès humain lui? Il est où là-dedans? Essaye de penser un peu plus longtemps Roger.
Non, l’achat d’une camionnette n’est pas la bonne solution. Les solutions de l’ACJ sont plutôt axées vers l’autonomie et l’indépendance. Pas de patchage de troue. Long-terme est le mot d’ordre. Ils ont besoin de pain? Bin la solution est bien simple, on va aller leur montrer comment en faire. Comme ça on s’assure qu’ils n’en manqueront plus jamais! Autosuffisance.
Donc, l’oreille toujours à l’affût, le cœur dévoué et les pieds bien encrés dans la terre (ou la boue !), l’ACJ a bien capté les bruits des ventres affamés des habitants de Congo. Let’s go on part, ils n’auront jamais vu autant de farine! Watch-out la pâte!
C’est donc en boulangère, bottes en caoutchouc et attitude zen en poche, que je partais, mercredi matin, bien heureuse de m’en aller montrer aux habitants de Congo comment faire du pain. En route, nous arrêtons faire les courses et acheter tous les ingrédients dans les mercados qui débutent tranquillement leur journée. De grosses poches de farine, de sucre, de la margarine, des fruits, du riz, de la poudre à pate, de la viande et autres aliment envahissent ma place sur la banquette arrière du pick-up. Nous ferons un séjour de deux jours à Congo. Au menu : marche dans les bois afin de peaufiner le répertoire des types d’arbres sur le terrain de l’ACJ, réunion avec le patelin en soirée, suivis sur d’autres projets en cours, visites chez des habitants, pain en quantité industrielle et joie de vivre !
Je suis enchantée. J’avais peut-être pas le look du siècle, mais pendant ces 2 jours, ni mes talon-haut de chez Nine West ou mes capris Benetton n’avaient d’importance. Tout ça ne comptait plus. J’avais trouvé un nouveau bonheur. Et une chose était confirmée : la joie ressentie par la découverte d’un nouveau slogan pour Poppers était déclassée. Oui, car ma nouvelle joie était accompagnée d’un sentiment d’accomplissement. Un sentiment d’être utile, de faire un acte pour la vie, un acte essentiel et important. Simple, mais probablement un de ceux qui m’apporteront le plus dans ma vie. Le développement local est précieux. C’est ça que je cherchais.
Si vous voulez voir des photos, j'ai 11 albums sur le site Facebook. Allez vous inscrire, ça prends 2 minutes et c'est mieux pour le support visuel.
Bonne journée!